Relation Homme-Animal
La place de l’animal dans la vie de l’homme
Tout d’abord il faut restituer la place de l’animal dans la vie de l’homme. L’habitude de voir cohabiter l’homme et l’animal est à tel point ancienne qu’elle semble se perdre dans la nuit des temps. On a chassé l’animal pour se nourrir et on a utilisé sa fourrure. Puis on l’a apprivoisé, puis domestiqué.
« Domestiquer n’est pas apprivoiser ».
Apprivoiser est un acte affectif, d’amour. Celui qui apprivoise et l’apprivoisé vont se mettre sur la même « longueur d’ondes » pour se comprendre et s’estimer. Ce n’est pas du dressage, il n’y a là aucune contrainte de la part de l’homme ni de l’animal. C’est ce que les éthologistes appel un « échange sensoriel ».
La définition du Petit Robert : Rendre moins craintif ou moins dangereux, rendre familier ; Rendre plus docile, plus sociable
Domestiquer c’est séparer un animal sauvage de son environnement, en le rendant docile, pour le fixer « à demeure » dans le but de l’asservir et de s’en servir. La domestication a été une action volontaire, planifiée et guidée par un souci utilitaire.
La définition du Petit Robert: Animaux qui vit auprès de l’homme pour l’aider ou le distraire, et dont l’espèce, depuis longtemps apprivoisée se reproduit dans les conditions fixées par l’homme.
L’homme a très vite eu besoin de dominer la nature. Les présomptions archéologiques témoignent d’une volonté précoce, chez l’Homme, d’agir sur le monde animal et aussi végétal, pour en sélectionner et retenir les qualités les mieux adaptées à ses besoins. Le processus de domestication a débuté simultanément dans plusieurs endroits du monde. Tous les animaux domestiques dérivent d’espèces sauvages. L’homme n’a domestiqué qu’une poignée d’espèces à partir de centaines d’animaux sauvages. Il a ainsi soustrait certaines espèces aux règles de la sélection naturelle. Les animaux domestiques sont des animaux qui ont vu leur apparence extérieure modifiée par une sélection dirigée par l’homme qui a fait perdre à l’animal, génération après génération, ses caractères sauvages pour en acquérir d’autres. Le but de telles transformations obtenues par les hommes/éleveurs étaient/sont d’adapter les animaux à nos besoins ; le cheval pour le transport ou pour les travaux ; le porc, la vache, le mouton, la poule, etc..., pour la viande, le lait, la laine, l’œuf, etc ; le chien pour la chasse, la garde, la garde de troupeaux, Ou d’adapter leur morphologie à nos goûts esthétiques, ou encore pour le seul plaisir de l’oreille en élevant des canaris de chant par exemple. Dans certaines espèces, la domestication a entraîné une augmentation de poids qui se poursuit au fil des générations. Les zoologistes appliquent la domestication aux animaux qui se reproduisent en captivité et qui, sous la pression de la sélection exercée par l’homme, ont fini par se distinguer profondément de l’espèce sauvage dont ils sont issus. La survie de l’espèce humaine est passée obligatoirement par l’animal utilitaire (donc élevé et sélectionné). Il ne faut pas oublier que nos animaux domestiques ont tous été créés par nous. La sélection dérive directement de la domestication. On ne sélectionne que des animaux domestiqués. Sélectionner, c’est mettre en application les connaissances théoriques, les observations pratiques et le bon sens dont est muni chaque éleveur. Sélectionner, c’est l’accouplement de deux reproducteurs choisis, afin d’essayer d’assembler les qualités des parents que l’on souhaite transmettre dans la descendance.
Trois termes demeurent indissociables : « on aime une bête apprivoisée, on sélectionne un animal domestique et on admire une bête sélectionnée. (Bantam revue, n°127, « Domestication et sélection par Jacques HUARD ») »
Le chien est l’une des grandes conquêtes de l’homme, après la maîtrise du feu et avant l’agriculture. Il est impossible de dater avec précision le début de cette aventure. L’homme a probablement apprivoisé le loup sans se demander pourquoi il le faisait, curiosité intellectuelle surement ? Il a peut-être recueilli des petits d’adultes tués, et en vivant prés d’eux et en les observant, l’homme s’est aperçu de l’aide précieuse que pouvait lui apporter ce compagnon. Nos ancêtres ont certainement opéré une sélection sur les individus qu’ils ont conservés auprès d’eux, préférant dans un premier temps les sujets habiles à la chasse mais soumis et malléables, peu farouches. Les générations qui ont suivi ont perdu certaines des qualités de l’animal sauvage originel pour évoluer vers le chien, animal domestique. Dans sa sélection comportementale et morphologique, le chien est l’animal qui a été le plus modelé, le plus transformé par l’homme. Selon les races, la taille adulte varie de 10 cm au garrot à plus d’un mètre, le poids de 1 kg à 100 kg avec des types très variés. Historiquement, l’espèce canine a toujours été sélectionnée en fonction de critères utilitaires : pour la chasse, la garde, la garde de troupeaux, … Mais la sélection actuelle devient essentiellement l’agrément.
Mais la domestication n’est pas un processus irréversible pour certaines espèces. Le chat fait partie de nos animaux de compagnie les plus récemment domestiqués. C’est peut-être ce qui explique que de tous les animaux domestiques le chat est peut-être celui chez lequel l’instinct est le plus persistant. Certains chats ont encore cette capacité de pouvoir vivre sans l’homme. Les chats harets ne sont pas une espèce sauvage mais appartiennent à l’espèce domestique retourné à l’état sauvage.
Durant des siècles l’animal faisait partie intégrante de la vie quotidienne avec tout ce que cela suppose de plaisir et de désagrément. Le phénomène d’exode rural depuis les années 60, a contribué à couper les citadins d’un lien immédiat avec la nature. L’attitude, que nous avions vis à vis des animaux, qu’ils soient sauvages ou domestiques, a progressivement changé et continue de changer. Les animaux sont traités différemment selon leur statut. Plus nous en « chouchoutons » certains, plus nous en martyrisons d’autres. On s’émeut facilement du sort des chiens maltraités, mais beaucoup moins de celui des volailles en batterie. Les chiens sont souvent considérés comme des personnes alors que les porcs en élevage industriel, coincés dans des cages sur caillebotis, sont traités comme des « choses ». Nous essayons peut-être de nous faire pardonner notre comportement de prédateur vis-à-vis des animaux que nous retrouvons, avec plaisir, dans notre assiette ? J’ai l’impression que bien souvent, aujourd’hui, on n’associe plus ce que l’on mange avec un être vivant. L’abattage ne dérange pas trop, à condition de ne pas avoir à y penser. Pourtant il y a, à peine un siècle, les animaux étaient abattus en pleine ville, à la vue de tous. Puis on a déplacé les abattoirs à la périphérie des villes. Aujourd’hui, ces endroits sont chargés de faire disparaître ce qu’on ne veut plus voir. L’abattage est devenu anonyme et invisible et pas seulement pour des raisons d’hygiène. Je me prononce contre l’élevage des poulets en batterie car nous pouvons agir autrement. Ils sont entassés dans un bâtiment avec des dizaines de milliers de leurs congénères, incapables de bouger. En tant que consommateur, mieux vaut donc acheter des produits d’élevage respectueux. Je suis un consommateur de viande mais nous ne devrions pas élever et tuer les animaux de la façon dont nous le faisons trop souvent aujourd’hui.
Je me prononce aussi contre la corrida. Peut-on continuer à mettre à mort des taureaux pour la beauté du spectacle ? Défendu pour des raisons souvent culturelles et esthétiques par les aficionados, c’est un spectacle sanglant, cruel et barbare. C’est une triste chose pour l’esprit de notre jeunesse. De nombreux sondages révèlent qu’une majorité de français sont opposés à ce spectacle de torture.
« Je suis absolument contraire, aux courses de taureau, qui sont des spectacles dont la cruauté imbécile est, pour les foules, une éducation de sang et de boue » Emile Zola
Peut-on aussi faire souffrir des animaux pour expérimenter des cosmétiques ? C’est pourquoi il est important et urgent d’éduquer les humains, dès l’enfance, au respect de ce qui a une valeur.
« La grandeur d’une nation et ses progrès moraux peuvent être jugés par la manière dont elle traite [tous] les animaux » GANDHI
L’animal de compagnie représente un phénomène notable dans les pays occidentaux depuis le milieu du XXème siècle. Nous vivons de plus en plus dans un monde urbain. La France a un taux de possession d’animaux de compagnie par habitant parmi les plus élevés du monde. Des milliers d’emplois dépendent directement de cet «acteur» de la vie sociale et économique. Les animaux de compagnie appartiennent principalement à cinq espèces ayant fait souche dans la société humaine : chiens, chats, oiseaux, poissons, rongeurs. Aujourd’hui il faut ajouter les NAC (nouveaux animaux de compagnie) : reptiles, animaux de ferme miniatures, insectes, etc.
D’une manière générale les propriétaires d’animaux assurent de mieux en mieux le suivi de leurs compagnons. L’espérance de vie des animaux de compagnie augmente régulièrement. Les propriétaires n’hésitent pas à payer les soins vétérinaires nécessaires. Ce qui n’était pas toujours le cas quand j’étais enfant. Mais les progrès les plus visibles se rencontrent surement dans le domaine de l’alimentation. Il y a moins de quarante ans il était courant de donner dans nos campagnes de la soupe au pain aux chiens et du lait ou du mou pour nos chats. Aujourd’hui, les rayons de produits consacrés aux animaux de compagnie sont mieux garnis que ceux pour bébés. On pense souvent que les propriétaires d’animaux sont des personnes fragiles, des personnes âgées, célibataires, solitaires. Il n’est pas rare d’entendre « ils ont un chat ou un chien car ils n’ont pas d’enfant ». Pourtant plusieurs études confirment que les familles de trois enfants auraient plus d'animaux de compagnie. La possession d’un animal de compagnie est parfois perçu presque comme une personne, un membre à part entière de la famille. Pourquoi pas, mais lorsque les gens aiment les animaux parce qu’ils n’éprouvent plus d’intérêt pour leurs congénères cela devient triste. Aimer (« anthropomorphiser » : l’anthropomorphisme est la tendance qui consiste à attribuer aux animaux des caractéristiques humaines) un animal comme un humain c’est oublier sa vraie nature; c’est lui témoigner sans le savoir peu de respect. Ce type de sentiment est trop souvent à la base d’une multitude de fausses interprétations. Mais la plupart des propriétaires d’animaux sont des gens sérieux qui entretiennent des relations parfaitement saines avec leurs animaux familiers sans confondre la nature animale et la nature humaine.
Les animaux constituent un facteur déterminant de l’épanouissement des enfants. L’animal reste une excellente initiation aux phénomènes de la vie. La proximité avec les animaux, permet à l’enfant de vivre concrètement des aspects de la vie comme la naissance, la reproduction, la mort, ….
L’animal peut aussi intervenir comme une sorte d’aide thérapeutique dans la vie de certaines personnes. Les animaux peuvent aider l’homme à sortir de son isolement, à s’échapper de son enfermement physique ou mental. On peut trouver plusieurs exemples dans de nombreux pays et parfois depuis plusieurs siècles d’une utilisation volontaire de l’animal au profit de la santé psychique ou physique de l’homme. Dans les années 1960, Boris LEVINSON, psychiatre à New-York s’intéressa aux relations homme/animal. Il écrivit beaucoup sur les bénéfices potentiels de la relation entre un enfant et son animal familier d’un point de vue affectif et pédagogique. LEVINSON rapporte aussi les multiples observations qu’il a effectuées avec des enfants psychotiques, autistes ou soufrant de troubles du développement. Il souligne le rôle structurant et médiateur que la relation avec l’animal peut jouer chez ces enfants (en améliorant leur sensibilité émotionnelle ainsi que leur activité physique). Depuis cette date, un grand nombre de théories de LEVINSON ont été corroborées par des recherches scientifiques. Depuis plusieurs années aussi, on porte une attention particulière aux bienfaits que dispensent les animaux de compagnie aux personnes âgées.
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