Génétique et Eleveurs
Bon nombre d’éleveurs ont recours à la connaissance de la génétique pour améliorer leurs lignées et j’ai souvent remarqué que le mot «génétique» prête souvent à confusion. Les progrès de la génétique sont accompagnés d’idées fausses. Il y a ceux qui présentent la génétique comme intrinsèquement perverse. Certains attaquent sur la notion de races, en confondant l’idéologie raciste humaine avec la notion de race animale, qui n’a évidemment rien à voir. Depuis fort longtemps, les éleveurs ont essayé d’améliorer les qualités de leurs animaux domestiques, utilisant les lois de l’hérédité sans en connaître les bases scientifiques. Ils mettaient à profit la ressemblance qui existe entre parents et descendants. En effet les êtres se forment, génération après génération, ressemblant davantage à leurs parents qu’aux autres représentants de leur espèce, de leur race, avec lesquels ils ont moins de liens de parenté. Cependant l’hérédité réalise également des variations : chaque animal possède des caractères individuels qui font que son apparence diffère quelque peu de celle de ses frères et sœurs. En découvrant les lois de l’hérédité, Johann Grégor Mendel (moine et botaniste autrichien reconnu comme étant le père fondateur de la génétique) élucidait un mystère qui avait tourmenté les hommes depuis la plus haute antiquité. Pourquoi les descendants puissent simultanément ressembler à leurs ascendants et en être différents ? La génétique est en effet une science qui, lorsque l’éleveur la maîtrise, peut s’avérer être très utile pour sélectionner. Certains éleveurs considèrent le sujet de la génétique compliqué et hésitent à s’y intéresser. Pour l’éleveur débutant, le jargon génétique peut parfois paraître rebutant, voire même carrément incompréhensible. L’ignorer n’empêche aucunement d’élever, de sélectionner et de progresser mais en connaître quelques éléments facilite grandement notre travail et évite parfois de perdre quelques années.
L’élevage est une source d’erreur perpétuelle et de création d’innombrables défauts d’exposition issus de potentiels génétiques cachés. Le défi est de chercher à contrôler ces fautes par un programme d’élevage étudié. Une compréhension minime de la génétique est la seule chose nécessaire pour cela. (Gérald. S. BINKS) livre d’Alain DELILLE ABC de la perruche.
La génétique a fait de gros progrès mais a des limites et bien des mystères restent encore inexpliqués. Elle n’explique apparemment pas tout de façon mathématique. La génétique n’est pas une science facile à résumer, pourtant la génétique nous permet de comprendre de mieux en mieux ce qu’est le fonctionnement du vivant.
La consanguinité, crainte et interdite chez les humains, n’est pas rejetée en élevage. Dans le milieu de l’élevage, utiliser la consanguinité consiste à marier deux animaux ayant un lien de parenté/un ancêtre en commun. Plusieurs degrés existent. La consanguinité peut être étroite dans le cas d’unions entre père et fille, ou éloignée si l’on accouple deux animaux ayant plusieurs générations d’écart. A un degré plus ou moins élevé, la consanguinité, existe donc partout dans nos pédigrées. La consanguinité est indispensable à la création des races puisque c’est elle qui permet de fixer les caractères recherchés. Contrairement aux idées reçues, si la consanguinité est bien menée et surveillée au sein d’un élevage, elle ne présente aucun danger particulier pour la santé des animaux même si elle est poursuivie sur plusieurs générations. Dans l’élevage avicole j’ai très souvent entendu dire que l’apport d’un sang nouveau à l’intérieur d’une souche est un mythe. Un chat ou un chien qui possède plusieurs fois le même géniteur dans son pédigrée n’est pas malade pour autant. Seule une consanguinité mal conduite peut-être à l’origine de problèmes. Une consanguinité bien conduite permet d’avoir une bonne certitude de la pureté de sa souche. L’élevage en consanguinité va restreindre le nombre de gènes différents entre deux individus et permettre à bon nombre de gènes récessifs (donc sans action quand ils sont isolés) de se rencontrer, de devenir actifs puis de se conserver /ou non à l’intérieur de l’élevage. La consanguinité est pratiquée (à un degré plus ou moins élevé) dans beaucoup d’élevage de sélection. Tous les êtres vivants sont porteurs de gènes récessifs favorables ou défavorables (selon des critères recherchés) qui ne se manifestent qu’exceptionnellement dans les conditions naturelles d’accouplement mais qui, au contraire, ont toutes les chances de s’extérioriser par croisements consanguins.
La consanguinité a été indispensable à la création de bien de races puisque c’est elle qui permet de fixer les caractères recherchés. Aucune mutation récessive n’aurait jamais pu être fixée sans accoupler le mutant avec ses enfants. La consanguinité est pratiquée par tout éleveur qui dispose d’une race rare qui a peu de reproducteurs. En élevage consanguin on peut fixer des caractéristiques précises et voulues, on peut également fixer des caractères indésirables. Si un défaut s’accentue au fil des générations sur tous les descendants d’une souche, inutile de persister. Si un défaut s’accentue sur certains descendants alors que les qualités s’améliorent sur d’autres, il faut simplement éliminer les porteurs du défaut et si possible identifier quels sont les géniteurs qui le transmettent.
Il faudra cependant tôt ou tard rompre la consanguinité et recommencer une sélection. Le sang nouveau est parfois nécessaire pour revigorer une souche. Mais les premières années peuvent être difficiles car les croisements de deux souches non apparentées donnent parfois des surprises qui ne sont pas toujours agréables. On peut obtenir un animal exceptionnel, d’un accouplement non consanguin, mais dont le résultat comme reproducteur est plus incertain. Je veux dire que cet animal est hétérozygote, c’est-à-dire que ses qualités apparentes ne sont pas fixées, donc pas ancrées dans ses gènes, ce qui fait qu’il ne transmettra peut-être que très partiellement ses caractères à sa descendance.
Consanguinités ou apport de sang nouveau en permanence ont leurs inconvénients comme leurs avantages respectifs. On peut avoir de bons et beaux animaux, quelles que soient la méthode de sélection choisie. Mais toute méthode exige une surveillance permanente.
Dans la nature, pour des raisons le plus souvent géographiques (présence d’un obstacle, fleuve, montagne, …..), il se crée naturellement des populations d’animaux consanguins.
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